mardi 1 décembre 2009

ENTRE DEUX RIVES -3-



SIÈGE DU SQUARE CONSULTING, LAC NORD
Installé à son bureau, Ahmed examina les dossiers éparpillés ça et là. Il jeta par moment un coup d’œil rapide vers le lac sur lequel donnait sa grande baie vitrée. La vue était apaisante et parfois même intrigante dans la variété de nuances et de Bleu qu’elle offrait. Son regard s’évada quelque part sur la ligne d’horizon quand la sonnerie du téléphone interne le ramena tout de suite de son évasion. Il décrocha, et après quelques secondes, répliqua :

- Bien, réservez moi un billet pour 10H.

Il regarda dans sa montre. Les aiguilles indiquaient 9h exactement. Il se leva et se mit à ramasser ses dossiers quand son regard tomba sur un dossier noir parmi les papiers. Il le pris en vitesse, l’enfila dans son sac cartable et quitta précipitamment la pièce.

SALON ARABE DU BATIMENT, SFAX
Il est 13h. Mouna quitta la gare de Sfax pour cheminer tout droit jusqu’à l’hôtel Zitouna qui accueillait le salon arabe du bâtiment dans sa dixième exposition. Elle avança à petits pas entre les bâtisses coloniales. Quelques fois, son regard s’agrippa aux remparts de la médina qui s’élevaient fiers et orgueilleux pas loin à sa droite.
« Tant pis, Vaut mieux rater une heure au salon qu’une leçon vivante d’architecture » pensa-t-elle en prenant une tournure à droite.

Effectivement, Mouna fit son entrée à l’hôtel après une heure et demi de randonnée touristique à la ville arabe. Elle longeait les allées des expositions tout en reprenant dans sa tête les lieux, les transitions, les séquences à la médina. Cette dernière la charmait encore plus par ce côté matériel qu’immatériel à pouvoir détecter les odeurs en traversant les souks linéaires …les paroles des marchands, des passants dans un accent captivant à l’entendre… Derrière l’enceinte fortifiée, l’espace l’emporta à travers le temps pour vivifier ce qu’est d’entre les murs de plus authentique. Mais, là ou se manifestait le salon du bâtiment, s’estompait toute trace identitaire à cette ville. Il y avait de toutes les nationalités arabes et magrébines. Des projections, des pancartes, des vidéos animaient l’espace dans un souci majeur, celui de faire passer au mieux l’information. Mouna se faufila difficilement dans la foule qui semblait de plus en plus dense et compacte quand elle aperçut un homme, facilement repérable par sa taille avançant dans sa direction. Elle le considéra pour un moment et vit un visage aux traits purs. Son regard tendre lancé par des yeux verts et rieurs lui disait quelques choses. Elle sentit son corps s’aimanter au sien par un certain magnétisme dans le regard quand il s’arrêta juste devant elle et lança :
- Bonjour, c’est une belle coïncidence de vous retrouver ici. D’ailleurs c’en est encore plus belle parce que j’ai votre dossier que vous avez fait tomber il y a quelques jours.

Il ouvrit son cartable et retira un dossier noir qui le lui rendit en esquissant un large sourire. Mouna, quand à elle ne savait plus quoi penser… certes, elle était contente de pouvoir récupérer ses papiers. Mais, elle fut plus ébahie par ce trouble aiguisé pour la deuxième fois dès qu’elle croisa des yeux cet homme.
- Je devrais vous remercier pour la deuxième fois, vous m’avez évité de squatter toutes les administrations de Tunis pour refaire ces papiers.
- C’est rien. Vous êtes chanceuse comme je l’ai déjà dis. Essayes de ne pas perdre autre chose de plus précieux … lui répliqua en clignant de l’œil tout en s’éloignant vers la passerelle du hall3.
Mouna sentit en effet perdre ses neurones en le voyant partir sans même connaître son prénom ou ce qu’il le ramenait jusqu’ici. Quoique, il y avait autre chose qu’était sur le point de lui échapper, le contrôle de ses émotions.


… Vers 16h30, Mouna voyait défiler le paysage urbain de Sfax à travers le vitrage du train. Elle retira le dossier noir et l’ouvrit pour y ranger toutes les brochures ramassées à la foire. Mais elle fut surprise de retrouver d’autres documents écrits. Elle les scanna du regard feuille par feuille mais ne reconnu en aucune d’elles celles qui lui appartenait. Un bout de papier lui tomba dans les mains sur lequel était dessiné un arc-en-ciel signé A.S…


DEUX HEURES AVANT, SALON ARABE DU BATIMENT
Ahmad était super occupé à bien organiser son stand. Installé derrière le comptoir, il s’apprêta à extraire de son dossier les documents relatifs au projet de la tour Y. mais, il n’y trouva qu’un Cv d’une certaine Mouna Baccar suivi d’une dizaine de papiers. Estomaqué, il ne put comprendre comment ces papiers ont pu atterrir entre ses mains. Il tenta de trouver une vaine explication en fixant la foule quand une jeune fille brune passa devant ses yeux. Il rabat ses yeux sur la photo du Cv. Il s’agissait de la même personne. Ahmed se leva hâtivement pour la joindre mais la jeune fille s’était déjà dissoute dans la masse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire