
AÉROPORT TUNIS, CARTHAGE
A peine frôlant la porte vitrée de l’aéroport, Ahmed ôta ses lunettes sombres pour scanner en un demi-tour de cercle l’environnement immédiat qui s’offrait à ses yeux. Il avait déjà jeté un coup d’œil sur cette Tunisie à vol d’oiseau, mais il voulait sentir encore l’impact de la ville à son échelle... Il flairait quelque chose de convivial et de chaleureux à ce pays, qui lui parvenait à travers des rayons de soleil et une légère brise lui caressant tendrement la frimousse.
En avançant vers la queue jaune, Il se précipita vers le premier taxi disponible et lui indiqua sa destination.- La soukra s’il vous plaît !
- Avec plaisir Monsieur, vous n’êtes pas d’ici, n’est-ce pas ? Vous êtes Syrien ??
- Non, je suis palestinien et je travaille aux Emirats Arabes.
C’était précisément pour ces bavardages qu’il avait refusé la voiture offerte par l’agence pour le ramener à son local d’hébergement. Il écoutait attentivement les paroles du vieux taxiste en laissant défiler à ses yeux le paysage urbain de part et d’autre. Il pressentait une ville modeste dans tout ce qu’elle montrait, ses bâtiments, ses constructions, ses ponts, ses clôtures et même son mobilier urbain.
- Nous y sommes, Khouya (ce qui voulait dire frère en tunisien) !- Aichak ! répliqua Ahmed avec un large sourire spontané
UNE HEURE APRÈS, LAC NORD
Mouna claqua la porte blindée de la demeure et arpenta le trottoir à sa gauche vers le kiosque à journaux le plus proche. Elle était dans un état d’effervescence visible jusqu’aux pas maladroits dessinant des foulées irrégulières et parfois même curvilignes. Elle balbutia quelques phrases incompréhensibles en reprenant dans sa tête les répliques de la conversation qui venait d’avoir lieu lors de l’entretien.
- Est-ce que tu es engagée ?...- Est-ce que tu es motorisée ? …
- Est-ce que tu es prête à travailler dix heures par jour ? …
- Est-ce que tu es prête à travailler le weekend et tard la nuit s’il le faut ? …
Tant de questions ne pouvaient que stimuler la lionne qui sommeillait en elle. Elle esquissa un faux sourire diplomatique et se lança :
- Monsieur, tout d’abord et avec tout le respect que je vous dois, je ne vous permets pas de me tutoyer sans ma permission. Sinon, en réponse à votre matraquage de questions, je pense qu’une lecture sérieuse de mon CV est plus que suffisante. Et puis je vous dis que je suis quelqu’un qui s’applique beaucoup au travail, ce qui veut dire que je ne calcule pas mon boulot en heures mais en finalités. Sauf, que pour moi, tout cela est étroitement lié au cadre de travail et surtout au relationnel au sein du groupe. Mais malheureusement vu votre approche pour aborder vos collaborateurs, je ne pense pas qu’on puisse coopérer de sitôt. …
Mouna laissa tomber quelques pièces sur le comptoir, ramassa les cigarettes et le paquet de chewing-gum dans son sac et au moment de quitter le kiosque, elle se heurta dans une contre marche de très faible hauteur. Perdant ainsi l’équilibre de son corps qui tenta brusquement de se rabattre à l’horizontale, elle fut aussitôt attrapée par des bras masculins qui lui évitèrent la chute juste à temps. A l’instant même de se redresser, elle se heurta à de beaux yeux verts limpides qui scintillèrent dans un regard espiègle et tendre à la fois. Troublée par la beauté de ces perles, elle tremblota de sa voix un merci tout timide et se sauva en vitesse laissant un dossier de documents par terre.
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