jeudi 29 janvier 2009

love project


...Et comme le pensent plusieurs, le temps est meilleur remède à tout problème… mais aussi meilleure arme dans cette perpétuelle guerre entre le cœur humain et la vie… Pendant des années, je n’ai cessé de griffonner l’évolution de mon couple … je développais peu à peu le contre projet qui dépassait de loin le premier dans l’apparence et le fond… les croquis se multipliaient à chercher les différents points de vue de ce que pouvait s’établir entre lui et moi. Vous savez cette espèce de chaîne spirituelle ou morale qui t’attache à quelqu’un??... dans laquelle, au fil du temps le nombre des mailles augmente et croît pour consolider l’attachement et renforcer la dépendance.
C’est vraiment un phénomène extraordinaire ! Chaque jour, naissais en moi un bébé cherchant la tétine de sa mère, un aveugle cherchant sa canne, une fillette cherchant les bras de son père ! Chaque jour, je ne me réveillais que sous la tendre réverbération de sa voix et je me sentais comme en sécurité, chargée de force, alimentée en confiance_ Confiance en moi, confiance en lui, au jour qui s’apprêtait à commencer, aux années qu’outrepassaient en vitesse le présent et le passé …

Des années se sont écoulées … je n’ai cessé d’étudier, de réétudier, parfois même de redresser, parfois d’autres de manier et de corriger, puis tout d’un coup d’abandonner mais tout de suite après de rattraper et renouer… je galopais dans un champ d’ humeurs et états d’âme étonnants, parfois inquiétants… à surpasser mes pleurs par le sourire, à rythmer mes rires par le soupir…

Des années se sont écoulées… il n’a fait que m’observer… il parlait peu, réagissait peu… il sombrait dans un silence angoissant, un puits d’intensions creux, profond. Tellement profond qu’on n’arrive même pas à entendre le son de la pierre toucher au fond … que je ne pouvais recevoir qu’un écho fantôme de mes questions harcelantes, intrigantes… En effet, il m’intriguait au point de m’exciter, au point de m’inciter à passer des heures rien qu’en pensant à ce qu’il pressentait réellement derrière sa façade opaque nonchalante. Au début, Je m’amusais à déchiffrer les codes de ses expressions, de ses réactions, … à considérer le plus angélique des suppositions et rejeter le diabolique des présomptions… et peu à peu, l’intrigue s’était transformée en une curiosité affamée insolite qui m’inhibait à son tour de doute et d’incertitude. L’évidence, la confiance étaient enfouies, dissoutes comme se dissout le sucre dans l’eau. Je consommais quand même cette eau quelques part sucrée, mais lourde et pénible à digérer ...

Des années se sont écoulées… nous deux développions des perspectives de cet objet, des perspectives différentes, fuyantes vers des points différents… Oui, c’était le même objet pourtant qui faisait que cette chaîne s’était affermie puis raffermie pour nous lier des plus beaux moments, des regards innocents… d’enfants, des câlins les plus tendres, de nous mettre en cendre… des plus beaux frissons _ Le même objet, le même projet qui voyait échafauder des sentiments fondants , couler des émois en béton, dresser des armatures en conjonction, en convulsion… mais la chaîne s’était allongée puis rallongée, encore s'était prolongée jusqu’autour de nous pour nous embobiner dans la confusion de l’attachement… nous étions scotchés l’un à l’autre sans pouvoir définir la nature de ce liant. Comment pouvais-je désirer ces lèvres et rejeter les paroles qu’elles émettaient au même temps ??? Comment pouvait-il aimer mes graphiques sans prendre conscience de ma logique ? Des graphiques dessinés d’amour et de passion, ombragés de compassion … ma logique illogique d’un cœur qui donne sans limites de l’affection, de l’attention !


extrait de "Le chantier de ma vie"

jeudi 8 janvier 2009

Sécheresse d'ivresse


En ce soir d’automne, il faisait froid… Je longeais l’allée dallée en pierre au bord du lac à l’eau en mousse. La lumière des lampadaires se heurtait contre le sol, me dessinait par un rythme régulier une perspective tamisée de mon parcours… Il faisait nuit… J’avançais confuse et perplexe sous les sons saccadés de mes talons aiguilles… ces sons qui semblaient au même temps bourdonner, sonner et raisonner en moi et au plus profond de mon esprit… Mes cheveux fuyaient mon visage, se dégageaient et s’engageaient en arrière… c’est que ce soir là, Il ventait. Le vent soufflait très fort contre moi, mais je n’avais guère de larmes aux yeux, je n’avais que des pensées et une grande envie d’avancer… un besoin fou de progresser sur ce chemin pavé… Ma respiration prenait de la vitesse, tout comme mes idées qui traversaient et sillonnaient éperdument la route de mes souhaits. Ou suis-je dans cette vie clandestine et celée ? Ou vais-je arriver et d’où vais-je partir si épuisée ? Les images, les souvenirs venaient grattouiller en vain sur les cloisons fermes de mes regrets. Je ne sentais ni l’amertume des sentiments partagés, ni le chagrin des rêves évaporés. Je continuais à cheminer d’une manière aussi bien affirmée que pressée … J’inspirais, j’expirais. Je conditionnais cet air qui s’infiltrait froid et qui s’en dégager chaud … il doit y avoir de la chaleur dans ce cœur à barreaux !

J’accélérais le pas, en essayant de rabattre au maximum sur un physique en pierre des sentiments flous, un malaise pénible et las … je guettais en ce quelques chose en moi qui bat l’ivresse de ses émois en embarras. Et je partais encore et encore dans ces foulées défoulées cherchant dans ma boussole d’envies, la direction du droit chemin à mes émotions refoulées, à cette sensibilité engloutie… Le corps essoufflé tentait d’exhiber ces sensations, de les exhumer… de les extraire de l’oubli.

Je ressentais ce vouloir de lutter, contre le vent, contre le noir, celui de l’horizon et de mon désespoir… et je le sentais qui se comprime et qui se resserre, ce cœur à battements haletants moins militants mais devenu dès lors plus transparent et sincère. Je visualisais ainsi mes conquêtes et mes déceptions, et la rage m’emportait à en vouloir davantage dans mes jours si sages. Il manquait la résolution… la volonté de se jeter à l’expérience et d’en assumer les conséquences, ou ce petit coup de pouce qui m’exhorterait peut être à la délivrance… Et tout d’un coup, je voyais plus clair, Je m’arrêtais brusquement en me retournant vers le fragment de mer. Vers le fond de cette obscurité, je lançais un regard déterminé, mes yeux écarquillés s’étaient éteints... quand au premier contact des gouttelettes de pluie, j’ai pleuré.